L’état des lieux est formel : les seniors consomment trop de médicaments. La polymédication (ou administration simultanée et excessive de médicaments) touche 20% des seniors de plus de 65 ans et jusqu’à 49% des seniors de plus de 75 ans. À mesure que l’on avance en âge, les risques de maladies sont de plus en plus importants. De ce fait, on note une multiplication des traitements médicamenteux, entraînant immanquablement des effets secondaires pouvant mettre la santé en danger. 

Si l’administration de plusieurs traitements peut être légitime, elle reste néanmoins un élément à surveiller. Si votre proche senior a déjà eu recours à l’automédication ou multiplié les traitements, il peut être nécessaire de l’amener à adopter un rapport plus sain avec sa prise de médicaments. 

Polymédication : une forte menace pour les seniors de plus de 70 ans 

A partir de 70-75 ans, le corps réagit différemment aux effets de certaines molécules présentes dans les médicaments. De ce fait, les médicaments de confort pour le rhume ou la toux peuvent représenter, eux aussi, une menace dans certains cas. Il est donc important de toujours demander conseil à un professionnel de santé avant d’arrêter ou de débuter un traitement médicamenteux.

Il est important d’être alerté des différents risques liés à une mauvaise médication et surtout de leur cause. En effet, le magazine 60 millions de consommateurs s’est penché sur une étude de la société OpenHealth révélant les conditions de transmission de ces prescriptions. Ces ordonnances sont souvent délivrées par plusieurs médecins différents qui n’ont souvent aucune visibilité sur la partie immergée de l’iceberg : l’ensemble des autres prescriptions. Cependant, les médecins généralistes ont un rôle central dans la rédaction des prescriptions.

Les risques de cet usage abusif sont mis en lumière par l’Assurance Maladie : 130.000 hospitalisations sont recensées en moyenne par an pour les plus de 65 ans. Selon Vidal, 10% des admissions aux urgences sont occasionnées par les cocktails médicamenteux.

Les risques insoupçonnés de la polymédication

Il se trouve que la disponibilité accrue des médicaments de confort et des génériques a également entraîné leur banalisation. Le recours aux traitements médicaux est presque devenu un réflexe en France : 80% des seniors de plus de 75 ans prennent 5 médicaments par jour en moyenne. Or, ce sont les combinaisons qui sont les plus dangereuses.

Une étude réalisée par des chercheurs américains, publiée dans le JAMA Internal Medicine, a recensé une augmentation de 40% des risques indésirables liés aux cocktails médicamenteux en 5 ans.

Parmi les risques liés à la polymédication, on note une augmentation des chutes, hémorragies, accidents de la route ou mort dans les pires des cas. De plus, les médicaments étant plus agressifs sur des sujets âgés compte tenu de l’augmentation de la sensibilité de l’organisme de ces derniers, leurs effets sont bien plus imprévisibles.

Enfin, il se peut que la posologie de certains traitements contre l’anxiété ou les troubles du sommeil (destinés à être pris sur une courte période) soient détournés en traitements de routine, ce qui augmente fortement l’accoutumance de l’organisme à certaines substances psychotropes.

Même si la volonté première du patient reste l’accès aux soins, les différents principes actifs (pouvant être en conflit entre eux) ajoutés aux dosages administrés (pas toujours adaptés aux patients) peuvent donc devenir incontrôlables.

Les compléments alimentaires : l’autre face de la polymédication

Le polymédication ne concerne pas seulement les médicaments : les compléments alimentaires sont aussi en ligne de mire. Souvent perçus comme des produits naturels et sans danger, leur mauvais usage peut rendre ces produits tout aussi nocifs que les médicaments classiques.

Les compléments alimentaires ont pour principal but de fournir un apport de nutriments complémentaire suffisant. On compte parmi eux les vitamines, les minéraux, les acides gras et les acides aminés. N’étant pas des aliments, ils ne sauraient remplacer un régime alimentaire normal et ne doivent pas être consommés sans consultation préalable d’un médecin.

En effet, certaines plantes ou vitamines peuvent perturber le bon déroulement des traitements suivis en modifiant la capacité d’absorption des médicaments, pouvant donner lieu à une efficacité sur l’organisme. En outre, la facilité d’accès des compléments alimentaires dédramatise leur prise. On observe de ce  fait certains traitements détournés de leur usage, comme les plantes laxatives qui trouvent leur place dans certains rayons des boutiques en libre accès, alors qu’elles sont de vrais médicaments.

Le rôle central des médecins et des proches aidants

L’urgence d’alerter sur les méfaits de la polymédication est d’intérêt public : une meilleure coordination entre les différents médecins est de mise. En réaction à cela, la digitalisation des ordonnances pourrait par exemple faciliter le suivi global des patients et une meilleure gestion de leurs traitements. La communication entre le patient et son médecin en serait facilitée, de même que les échanges entre les différents acteurs du corps médical.

Suite à cet engouement, une évangélisation des médecins peut sensibiliser aux dangers d’un mauvais usage des médicaments. En parallèle aux médecins généralistes, les proches aidants et les auxiliaires de vie se doivent donc de tirer la sonnette d’alarme en cas de comportement à risque. Enfin, une surveillance à la loupe de la fonction rénale avec prise de sang peut enrayer l’accumulation des médicaments dans l’organisme.

En résumé, proximité et communication restent la clé pour prévenir tout incident lié à la prise de médicaments.

Si vous constatez que votre proche senior adopte une comportement risqué (automédication, multiplication des traitements ou prolongation d’un traitement au-delà de la posologie), n’hésitez pas à en alerter le corps médical. Il est possible de faire réévaluer un traitement au lieu d’en renouveler l’ordonnance par le biais d’une consultation dédiée. Dans certains cas, certains médicaments peuvent être jugés comme inefficaces et les traitements arrêtés, limitant les risques indésirables.